La Ville Des Prodiges by Eduardo Mendoza

La Ville Des Prodiges by Eduardo Mendoza

Auteur:Eduardo Mendoza [Mendoza, Eduardo]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Points
Publié: 2014-10-15T04:00:00+00:00


La nuit du jour convenu, ils trouvèrent la grille ouverte : la femme de chambre s’était chargée de suborner le portier, le jardinier et le garde forestier ; les chiens avaient leurs muselières. Efrén Castells transportait une échelle de cinq mètres de haut ; tous les trois pas, il devait s’arrêter pour étouffer ses rires avec son mouchoir.

– On peut savoir ce qui diable t’arrive ? demanda Onofre Bouvila.

Le géant de Calella répondit que cette situation pittoresque le faisait se ressouvenir du vieux temps :

– Quand toi et moi nous allions voler des pendules et autres objets dans les magasins de l’Exposition universelle, tu te souviens ? dit-il.

– Bah, qui pense encore à ça ? répliqua Onofre.

Onze ans avaient passé, et ce qu’ils faisaient à présent était une clownerie. Les chiens, alertés par cette discussion, se mirent à aboyer. Sur la terrasse du premier étage apparut don Humbert enveloppé dans un peignoir de soie.

– Que se passe-t-il ici ? demanda-t-il.

Le portier sortit de la guérite et ôta sa casquette.

– Ce n’est rien, monsieur, les chiens qui ont dû voir une chouette.

Quand don Humbert se fut retiré, Onofre et Efrén Castells continuèrent à avancer.

– Eh bien, à moi, il me semble que c’était hier, dit le géant.

La femme de chambre les attendait près du mur de la maison : sur le fond de lierre se détachaient la coiffe et le tablier. Elle montra la fenêtre et porta ses mains près de sa joue, feignant par ce geste l’attitude de celui qui dort. Efrén Castells appuya l’échelle au mur et en vérifia l’équilibre et la solidité.

– Vous autres, attendez-moi ici, dit Onofre. Ne bougez pas avant que je redescende.

Le géant de Calella immobilisa l’échelle pendant qu’il montait. Avec les années, il avait perdu de l’agilité, il ne voulut pas regarder en bas de peur d’avoir le vertige. Diantre ! pensa-t-il, moi aussi, il me semble que c’était hier. Un coup sur la hanche le sortit de ces réflexions : au passage, il avait heurté un barreau avec la crosse de son revolver. Il le sortit de la poche et siffla. Quand il vit qu’Efrén Castells levait la tête, il laissa tomber le revolver, que le géant attrapa au vol. Puis il continua à monter jusqu’à la fenêtre : elle était fermée ; ni la chaleur ni les considérations hygiéniques que propageaient les journaux de cette époque n’avaient fait que Margarita dormît la fenêtre ouverte. Il dut appeler à plusieurs reprises avant qu’elle ne montre un visage engourdi et étonné.

– Onofre, s’exclama-t-elle, toi ! Que signifie cette apparition inattendue ?

Onofre fit un geste d’impatience.

– Ouvre la fenêtre et laisse-moi entrer, dit-il, je dois parler avec toi.

D’en bas se firent entendre le géant et la femme de chambre :

– Eh, là-haut, parlez moins fort ! Avec ces voix, vous allez réveiller tout le voisinage.

Elle entrouvrit un peu la fenêtre et approcha son visage de cette fente : ses cheveux défaits lui tombaient sur les épaules, leur couleur cuivrée contrastait avec la blancheur de la



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